Delorean

Netflix : Retour vers le Vidéofutur

par

dans

Netflix annonçait récemment la fin de de leur service d’envoi de DVDs. Et oui, vous ne le saviez peut être pas mais la célèbre plateforme vidéo, qui compte aujourd’hui 232 millions d’abonnés, a débuté en proposant un service de location de films, envoyés par courrier aux utilisateurs. Une sorte de Vidéo Futur boosté par La Poste. Vous vous rappelez de Vidéo Futur ? Les automates de location de VHS (puis DVD), qui, eux même avaient auparavant disrupté1 les boutiques de location de vidéos (Mais il en reste !)

« Netflix envelope » par Marit & Toomas Hinnosaar est sous licence CC BY 2.0.

Mais qui disruptera1 Netflix alors ?

Aujourd’hui, la concurrence fait rage sur les plateformes streaming. Et malgré sa domination du marché, Netflix peine à faire croître ses bénéfices. Ce n’est pas facile, pour un acteur spécialisé, de lutter contre l’inéluctable arrivée de mastodontes plus généralistes, avec des moyens colossaux : Amazon, Disney, Apple.

Par ailleurs, le modèle de ces plateformes nous incite au gavage. Pour garder les utilisateurs les plateformes doivent proposer en permanence de nouveaux contenus. Ainsi, de nouvelles séries, sont soit prolongées sans fin (je déteste ça!), soit stoppées brutalement après une saison car pas assez visionnées, donc sans fin là aussi (en fait une série n’a jamais de fin ??).

Devant la multiplication des plateformes de streaming et des séries, il faudrait alors disposer de cinq abonnements pour avoir accès à tout. D’autant que, devant les coûts de production des films et les coûts d’exploitation de l’infrastructure informatique, l’augmentation des tarifs est inéluctable, et d’ailleurs déjà lancée. Si l’offre de base (1 écran) a vu son augmentation très restreinte, l’offre 4 écrans, est passée en 10 ans, de 11,99€ à 17,99€, soit 64% d’augmentation.

Enfin, toujours pour répondre aux exigences de la bourse, c’est maintenant la publicité qui fait son arrivée sur Netflix.

Netflix, finalement la télé de demain ?

Se dirige-t-on, dans les années à venir, vers des offres de streaming vidéo à 15€ / mois, pour regarder des séries entrecoupées de publicités ?

Ces plateformes ont réussi à nous débarrasser de nos lecteurs DVD, et récupérer la propriété de nos biens culturels (c’est pareil pour la musique). Si j’arrête mon abonnement Netflix, je n’ai plus accès à aucune série ni film.

S’il restera toujours plus simple, depuis son canapé de jouer de la télécommande pour accéder au dernier blockbuster, est-ce que cela restera, dans tous les cas, moins cher ?

La bibliothèque fait de la résistance

Les plateformes seront-elles toujours plus économiques que nos lecteurs DVD dans 5 ans ?

Il y a quelques semaines, j’étais à la recherche d’une série américaine, qui raconte la vie à la Nouvelle-Orléans, après l’ouragan Katrina : Treme (https://fr.wikipedia.org/wiki/Treme). Impossible à trouver sur les plateformes. J’aurais même été prêt à m’abonner à une nouvelle offre, mais cette série, diffusée sur HBO, n’est disponible chez aucun fournisseur de vidéo en France, en ce moment du moins.

Quelle fut ma surprise lorsque je me suis aventuré pour la première fois au rayon DVD de ma bibliothèque municipale. Les 4 saisons de Treme en DVD ! Immédiatement accessible, quasi gratuitement (l’abonnement annuel à la bibliothèque municipale coûte en moyenne vingt euros).

« Treme sign, Tremaine 5, New Orleans, Louisiana.jpg.JPG » par gruntzooki est sous licence CC BY-SA 2.0.

Oui, il a fallu que je rebranche le lecteur DVD, que je mette des piles dans la télécommande, et que je me lève pour mettre le DVD dans le lecteur. Mais j’ai pu profiter facilement de cette série, que je vous conseille d’ailleurs. Si vous avez une médiathèque dans votre ville, n’hésitez pas à y aller, elle regorge de pépites !

Finalement, les bibliothèques et médiathèques municipales ne seront-elles pas celles qui, demain, vengeront les Vidéo Futurs et qui disrupteront1 Netflix avec une offre locale, sociale et économique. Ne serait-il pas temps que l’on rebranche tous nos lecteurs DVDs, que l’on se réabonne à la médiathèque, que l’on achète des DVDs et que l’on se les prête entre nous ?

1NB : J’ai utilisé trois fois le terme “disrupter” dans cet article, pardon !